Le 13 septembre, des scientifiques du Centre de recherche forestière internationale (CIFOR) ont prouvé la présence de chimpanzés communs (Pan troglodytes) dans le paysage de la Réserve de biosphère de Yangambi, d’une surface d’environ 750 km carrés et incluant la Réserve et ses alentours, au nord de la République démocratique du Congo (RDC). La nouvelle vient après trois semaines d’installation de pièges photographiques dans la région, une mesure qui vise à accroître la compréhension des chercheurs sur l’existence et les tendances de la faune dans la région pour aider les efforts de conservation.
Bien que les membres des communautés autour de la réserve affirmassent depuis longtemps avoir localisé des chimpanzés et d’autres ongulés dans la région, ces derniers n’avaient jusqu’à présent jamais été observés pendant une analyse rigoureuse. « Les chasseurs locaux nous ont dit que des chimpanzés et autres espèces de mammifères clés étaient toujours présents dans la réserve, mais il s’agit de la première tentative de mener une enquête scientifique sur les mammifères à Yangambi », déclare Jonas Muhindo, membre de l’équipe de recherche. « Cette découverte confirme l’importance des connaissances écologiques locales. Les communautés locales peuvent fournir des informations très précieuses sur la persistance, la répartition et les tendances des mammifères. Maintenant, cette étude peut nous permettre de partager ces connaissances avec le monde tout en proposant des options de gestion améliorées », ajoute-t-il.
Les populations des animaux dans la réserve ont fortement diminué au cours des dernières décennies en raison du conflit prolongé en RDC, ainsi que de ses effets économiques et sociaux, tels que la chasse pour la consommation humaine et la destruction des habitats forestiers.
Cette recherche fait partie du projet « Formation, Recherche, Environnement dans la Tshopo » (FORETS), financé par l’Union européenne et coordonné par le CIFOR. FORETS travaille avec les communautés dans le paysage de Yangambi pour développer des activités génératrices de revenus et diversifier les sources d’aliments nutritifs. La prévalence de l’insécurité alimentaire dans la région fait qu’il est essentiel de trouver des moyens de subsistance alternatifs pour améliorer les conditions de vie des populations tout en préservant l’exceptionnelle biodiversité de la région.
Outre les chimpanzés, les scientifiques du CIFOR ont également observé d’autres espèces de mammifères telles que le porc rouge (Potamochoerus porcus), les céphalophes bleus (Philantomba monticola) et les céphalophes rouges (Cephalophus dorsalis et Cephalophus nigrifrons). D’autres découvertes sont attendues dans les semaines à venir ; l’équipe sur le terrain dirigée par Dr Nathalie Vanvliet analyse encore des milliers d’images capturées par les pièges photographiques, et la mission de surveillance se poursuivra encore pendant 20 jours.