Formation d’une nouvelle génération de chercheurs congolais dans le domaine des forêts

En République démocratique du Congo, diverses initiatives d’enseignement sont en train de transformer les expériences en classe des chercheurs aspirants.

D. Andrew Wardell et Gabrielle Lipton

Des décennies de conflits et d’instabilité en République démocratique du Congo (RDC) ont durement touché d’innombrables secteurs, dont celui de l’éducation qui est l’un des plus négligée. Même maintenant, le volume de la recherche concernant l’impact de la guerre sur le système éducatif du pays est très limité – mais, chose certain. Si, pendant des décennies, aller à l’école était plus risqué que rester à la maison ou restez caché, obtenir des diplômes était hors de question.

Deuxième pays d’Afrique en superficie et quatrième sur le plan de la population, la RDC tente actuellement de recouvrer une santé économique et sociale et l’éducation de la population constitue donc une composante de plus en plus cruciale de sa réussite. Ce n’est que grâce à l’autonomisation par l’acquisition de connaissances et le renforcement des capacités que les Congolais, comme les organismes de recherche et de développement et les entreprises qui les emploient, pourront agir sur la croissance du pays, et sur l’exploitation durable de ses ressources naturelles et de ses paysages.

Rattraper le temps perdu

C’est en RDC qu’on trouve la deuxième plus grande zone de forêt tropicale contiguë après le Brésil, qui se distingue par la biodiversité riche. Mais il y a eu un manque chronique de professionnels formés pour bien l’entretenir et la gérer. En 2005, le cadre recherche forestière entier du pays dans son ensemble se composait uniquement de six diplômés de master ; à titre de comparaison, la Corporation brésilienne de recherche agricole (EMBRAPA) employ plus de 8 500 titulaires de doctorat. Le Centre de recherche forestière internationale (CIFOR) a formé depuis 115 étudiants en master et 15 en doctorat.

Outils d’apprentissage

Le professeur Toengaho Faustin Toengaho, qui est le recteur de l’UNIKIS, déclare que sa vision est de « servir les besoins de la société congolaise ». Pour réaliser cet objectif, il s’est lancé dans une politique exemplaire de refondation et de réforme des programmes d’enseignement, en mettant notamment en place un cursus de master en sciences sociales et naturelles et un cursus de doctorat de niveau international. Ces deux cursus inscrivent le renforcement des capacités dans l’initiative nationale License, Maîtrise, Doctorat (LMD) en vue d’améliorer la gouvernance du territoire à l’avenir.

L’Université de Kisangani a noué des partenariats avec des universités et des organismes de recherche en France, au Royaume-Uni, au Canada et en Belgique. Des salles d’enseignement dotées des dernières innovations et de nouvelles méthodes pédagogiques viennent renforcer l’impact de ces programmes. L’UNIKIS dispose maintenant d’une bibliothèque électronique et prévoit une supervision des étudiants conjointe, locale et internationale, des formations pour son personnel, une obligation de publier des articles pour les thésards et une Semaine annuelle de la science. Le ministère de l’Enseignement supérieur et universitaire (MINESU) a adopté depuis une manifestation semblable à la Semaine de la science et toutes les universités et facultés du pays encouragent la recherche scientifique et l’innovation.

Pour accompagner les étudiants, suit leurs progrès et les aide à développer leurs compétences en rédaction scientifique, à améliorer leur prise de parole en public et à renforcer leur confiance afin qu’ils publient leurs travaux de recherche. Depuis 2013, les étudiants ont soumis 31 articles à des revues internationales à comité de lecture. Le travail des étudiants congolais aura un retentissement non seulement dans leur propre pays, mais peut-être aussi à l’étranger.

Remerciements

Cette recherche s’inscrit dans le cadre du Programme de recherche du CGIAR sur les forêts, les arbres et l’agroforesterie et a été financée par la Commission européenne, l’Alliance mondiale contre le changement climatique (Forêts et changement climatique au Congo) et la Délégation de l’Union européenne à Kinshasa (11e Fonds Européen de Développement, RDC).

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