Situés au cœur de la forêt dense humide en République Démocratique du Congo (RDC), les vestiges de la cité de Yangambi sont les témoins privilégiés de sa longue histoire en tant que pôle scientifique en matière de recherche en foresterie et agriculture tropicales. 

L’exposition « Koyeba Yangambi » puise son inspiration dans le passé de cette mythique station de recherche, grâce à la collection photographique inédite de la Bibliothèque de l’Institut National pour l’Étude et la Recherche Agronomique (INERA) à Yangambi, et dans le présent à travers des photos récentes d’Axel Fassio dépeignant les activités et les réalisations menées dans le paysage de Yangambi pour tester de nouveaux modèles de développement durable et de conservation de la biodiversité.

Au travers de ces quelques instants figés d’un passé révolu et d’un présent en devenir, « Koyeba Yangambi » se veut être un voyage dans le temps, un devoir de mémoire résolument tourné vers l’avenir. Koyeba, qui signifie connaître en Lingala, nous appelle à valoriser aussi bien cet héritage hors du commun que le potentiel prometteur de Yangambi afin que la RDC devienne la figure de proue du développement et de la recherche scientifique en Afrique centrale et au-delà.

L’Institut National pour l’Étude Agronomique du Congo belge (INEAC) est fondé sous l’impulsion du futur Roi Léopold III le 22 décembre 1933, dans le but de promouvoir le développement scientifique du Congo belge.

Sur l’ensemble du territoire du Congo belge et du Ruanda-Urundi, l’INEAC développe un réseau de trente-sept stations de recherche dont la plus importante se situe à Yangambi, au bord du majestueux fleuve Congo. Le centre de recherche de Yangambi s’étend sur 25 000 hectares et borde un massif forestier de plus de 200 000 hectares au sein duquel les scientifiques se consacrent à la recherche agronomique et forestière.

Pour mener à bien sa mission, la station de Yangambi rassemble plus de cent chercheurs et comporte vingt-et-une divisions dotées, chacune, d’équipement moderne, de laboratoires, de bureaux et de champs d’essais.

Ces divisions interviennent sur de nombreux domaines, allant de l’entomologie agricole à la biométrie, en passant par l’hévéaculture, le génie rural ou encore la botanique et la foresterie. L’institution a obtenu des résultats remarquables dans l’amélioration des techniques de culture et la sélection de variétés améliorées de palmier à huile, caféier, hévéa et coton.

L’INEAC est considéré comme l’institut agronomique le plus important et le plus renommé d’Afrique jusqu’aux années 60, période pendant laquelle plus de dix mille personnes sont employées. En raison de l’indépendance du Congo en 1960, suivi de celle du Ruanda-Urundi, l’institut est démantelé le 31 décembre 1962 et renommé INERA.

Malgré une volonté forte de poursuivre ses missions de recherche agronomique, l’INERA, alors confronté aux troubles récurrents qui sévissent dans la région, subit de plein fouet l’instabilité générale du pays. L’érosion des activités de recherche, de collaboration et de formation en résultant entraine de sérieuses conséquences sur le développement du territoire et la conservation de ses ressources.
La reproduction de ce matériel photographique nécessite une autorisation écrite du CIFOR/INERA
Avec le retour de la stabilité au pays, l’INERA a pu bénéficier du soutien de partenaires extérieurs afin d’accompagner la relance des activités de recherche à Yangambi.

Depuis 2017, l’INERA, en partenariat avec le Centre de recherche forestière internationale (CIFOR) et d’autres institutions, contribue à la mise en œuvre de plusieurs projets financés par l’Union européenne et la Belgique afin de promouvoir le développement local, la recherche appliquée et la conservation sur l’ensemble du paysage de Yangambi.

Ainsi, plus de 750 000 arbres ont déjà été plantés dans un effort de restauration des terres dégradées. D’autres activités comprennent la recherche sur la faune et la flore menacées, le partage de techniques agricoles performantes, le développement d’activités génératrices de revenus ainsi que la construction de nouvelles infrastructures et la rénovation d’anciens bâtiments.

Les nouvelles installations comprennent un laboratoire de biologie du bois construit par le Musée royal de l’Afrique centrale et la société Resources & Synergies Development (R&SD). Ce laboratoire, unique en Afrique centrale, permet d’effectuer sur place des analyses d’échantillons de bois. La première tour à flux de covariance des turbulences du bassin du Congo, érigée à l’initiative de l’Université de Gand (UGent) par le partenaire R&SD, est une autre réalisation remarquable. Les instruments installés sur cette structure mesurent les échanges de gaz à effet de serre entre l’atmosphère et la forêt.

L’herbier de Yangambi a récemment été rénové en collaboration avec le Jardin Botanique Meise. Depuis 2007 cette institution contribue à la préservation et la numérisation d’une collection de plus de 150 000 spécimens avec le concours des spécialistes en botanique de l’INERA.

La formation de cadres congolais qualifiés œuvrant à la gestion durable des forêts est également au cœur de ces efforts. Le personnel de l’INERA bénéficie de différentes formations coordonnées par l’École Régionale Post-universitaire d’Aménagement et de Gestion intégrés des Forêts Tropicales (ERAIFT).

Actuellement, Yangambi est devenue une véritable « école à ciel ouvert » permettant aux étudiants et aux chercheurs nationaux et internationaux de mener des études pertinentes en faveur de la préservation des forêts tropicales et du développement socio-économique du pays.
Attribution – Pas d’Utilisation Commerciale 4.0 International (CC BY-NC 4.0)

Cette exposition a été rendue possible grâce à l’appui de l’Ambassade de Belgique à Kinshasa et de l’Union européenne

Nos partenaires

Coordination

Joelle Grandjean, Christian Besombi Afanta, Ahtziri Gonzalez, Axel Fassio, Basile Houters, Michel Lokonda.